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Agricultural Markets

Des unités de transformation à l’agro-industrie

L’agro-industrie n’est pas développée au Burundi. Des défis liés au manque de connaissances par rapport aux stratégies politiques agricoles et commerciales pour les acteurs opérant dans ce domaine handicapent ce secteur. Une politique agraire d’aménagement du territoire pour une culture mécanisée est indispensable, indique Godefroid Manirankunda, président de l’ADIR ce lundi 12 septembre 2016 à Bujumbura.

« La mécanisation nécessite de l’espace parce que si tu dé- marres la machine, tu peux labourer un hectare par heure. Mais où est-ce qu’on va trouver un hectare en bloc où elle peut labourer ? C’est-à-dire qu’au niveau du code foncier, l’appropriation de la propriété agricole revient aux ménages. Cela ne permet pas de supprimer les barrières pour permettre aux machines d’exploiter le terrain libre », explique M. Manirankunda, président de l’ADIR. Après le labour, ajoute t-il, c’est l’installation des équipements d’arrosage adaptées aux conditions climatiques de plus en plus difficiles. On ne peut pas prévoir quelle pluviométrie est exigée pour tel type de culture. Pour pallier à cela, le président de l’ADIR explique qu’il faut bien aménager le terrain pour qu’on puisse s’adapter à une pluviométrie donnée ou alors à des pluies déficitaires. Il conseille aux agriculteurs de se défaire du labour à la houe qui ne parvient plus à nourrir les cultivateurs burundais. « Il y en a qui cultivent des lopins de terre qui ne sont pas rentables et qui peuvent facilement être attaqués par les insectes. La politique de mécanisation interpelle les lois financières, sur l’environnement, la gestion de l’eau, etc.».

Peu d’investisseurs s’y engagent

« Quand on parle de l’agroindustrie, on remarque vraiment que les investisseurs ne sont pas beaucoup stimulés », fait savoir Sévérin Sindayikengera, directeur du Centre National de Technologies Alimentaires. D’après lui, les industries naissantes connaissent beaucoup de contraintes et défis autant que l’agro-industrie au Burundi. Il cite le manque de matières premières, l’insuffisance du courant électrique puisque, ajoute t-il, sans courant électrique c’est impossible que l’industrie puisse fonctionner. D’autres facteurs évoqués par le directeur du CNTA sont l’accès des industriels au crédit bancaire ainsi que le manque d’encadrement dans le processus de transformation. Alors que les unités industrielles plus connues au Burundi sont la Brarudi, la SOSUMO ainsi que les unités de traitement du café et du thé, d’autres cultures ne connaissent pas la transformation. Cellesci sont les céréales, les produits d’élevage, les oléagineux, les fruits et les légumes.

Pour une commercialisation des fruits saine et légale

M. Sindayikengera dit ne pas qualifier d’unité industrielle la transformation des fruits, mais plutôt parle d’une multitude d’unités de transformation de fruits éparpillés dans tout le pays. Là, il évoque Fruito et Akezamutima. Celles-ci éprouvent beaucoup de difficultés parmi lesquelles les normes de qualité qui ne sont pas respectés ainsi que les problèmes d’emballage. « La majorité des jus que vous achetez se trouve dans des bouteilles de récupération. Si on n’y prend pas garde, les conditions hygiéniques ne sont pas au top. Elles exposent la santé des consommateurs. Il y a beaucoup d’opportunités et de menaces liés aux fruits », fait savoir M. Sindayikengera. Ce cadre du CNTA explique que le gouvernement a essayé d’étendre le palmier à huile reconnu surtout à Rumonge et à Nyanza-lac sur les provinces de Rutana, Ruyigi, Cankuzo, Cibitoke, Bubanza et Kirundo.

Des unités de transformation pas très saines

Les unités de transformation de l’huile de palme de Rumonge et d’autres unités existantes sont soumises à des conditions d’hygiène qui ne sont pas bonnes. Bien que génératrices de revenus pour la population environnante, Sindayikengera explique qu’il y a une politique nationale qui essaie de fermer ces unités de transformation artisanales au profit des unités de transformation industrielles. Cela démontre à volonté le lien entre l’agro-industrie et le commerce .L’agro-industrie et la protection de l’environnement étant intimement liées, le palmier à huile et les arbres fruitiers ont les propriétés de retenir l’eau et de résister à l’érosion et ainsi que de protéger le sol, rassure t-il.

La qualité discutable de ces produits de transformation est surtout liée aux problèmes de matières premières, d’accès à l’électricité, d’accès au crédit, d’équipements et surtout de leur maintenance, aux problèmes d’hygiène et aux services d’encadrement. A cela s’ajoute le degré de connaissance de la qualité des produits transformés, des aspects sanitaires et phytosanitaires. C’est une condition sine qua non pour le commerce des produits issus de l’agro-industrie.